Lagnes, un village discret

Lagnes est un petit village provençal qui s'est construit sur une petite colline, au pied des Monts de Vaucluse, et non loin de la Sorgue et du Parc Naturel du Luberon

Page mise à jour le 08/05/2020

Lagnes vue du ciel

© Filmatik Production

Une des particularités de ce village réside dans la formation géologique sur laquelle il repose...

La mine de fer du Pieï

Située à proximité du centre du village, le réseau de galeries de l’ancienne mine de fer s’étend sous la colline du Pieï. Le nom serait un dérivatif du mot « puech » en occitan, « puèi » ou « piè » en provençal, podium en latin, désignant une colline avec souvent fonction de site défensif.

C’est un ensemble de réseau karstique naturel  très ancien, prolongé par des diaclases (fissures), élargi artificiellement à l’explosif. Les premières traces de l’exploitation des mines de fer à Lagnes remontent à 1430.

En Provence et dans les Alpes du Sud, les gisements ferrugineux ont été exploités de manière irrégulière depuis le Moyen Age. L’exploitation de la concession a commencé en 1832 et cessa en 1836 après la découverte de gisements plus importantes à Rustrel.  La concession est retournée à l’État  le 11 mai 1929, à la suite d’une vente aux enchères infructueuse

Mines du Pieï - Lagnes
© J.-Y. Bigo

L’exploitation du minerai s’est faite sans investissements importants : les mineurs extrayaient  le fer présent dans les cavités naturelles (sables et argiles) à l’aide de pics et de pioches, que l’on peut assimilés  à une cueillette plus qu’à une véritable industrialisation à outrance. Autrefois, il existait à Lagnes plusieurs mines de fer, elles étaient regroupées en une seule et même concession de 382 ha, situées dans les lieux-dits suivants : Le Pieï, le Chat, les Loubières et les Esperelles.

La mine de fer du Pieï est restée en son état depuis la fin de son utilisation, elle n’est pas ouverte à la visite.

Si le village profite de particularité géologique pour avoir d'autres ressources économiques; certaines ressources semblent être plus difficiles à obtenir et poser quelques problèmes...

La fontaine des remparts : l’eau toute une histoire

La longue histoire tourmentée de l’eau dans les villages des Monts de Vaucluse et du Luberon va largement conditionner celle de ses habitants et contribuer à rendre leur vie difficile. Le Village de Lagnes en est un bel exemple.

L’alimentation en eau potable sera de tout temps, une préoccupation quasi obsessionnelle des édiles du village de Lagnes,  avant l’arrivée de l’eau courante dans les foyers, les gens de ce village souffrirent longtemps de la pénurie d’eau potable.

Fontaine des remparts - Lagnes
© https://www.lagnes.fr/tourisme-decouverte/un-peu-dhistoire/

Construite en 1812, la fontaine  de la rue des Remparts fût la première construite dans le village, facilement reconnaissable grâce aux armoiries du village qui y sont sculptées, elle ne subvient pourtant pas au besoin quotidien des habitants de l’époque,

Par conséquent les habitants durent chercher l’eau pour répondre aux besoins domestiques directement à la Sorgue, rivière située à un peu plus d’un kilomètres du village avec tous les inconvénients que cela comportent (trajet, poids de l’eau à porter...)

Des travaux seront engagés pour la somme 5610 anciens francs, qui ne résoudront pas le problème car en 1852 la commune souffre toujours du manque d’eau.

En 1853, la commune décide de creuser un puits près de la colline du Pieï pour alimenter le village avec la source des Esperancons. Mais en 1870 la région souffre de la sécheresse qui dure depuis deux ans. Le puits et la fontaine des Remparts ne suffisent plus. En 1873 le conseil municipal accorde l’urgence d’équiper la commune d’une seconde fontaine,

La fontaine de la rue des Remparts fût restaurée en 1978

Malgré cette question épineuse de l'eau, Lagnes a su se développer au fil des siècles, et la vie  villageoise également. Si les relations avec les co-seigneurs ne sont pas toujours bonnes, il n'en reste pas moins que ces derniers vont mettre en place des dispositifs pour la vie quotidienne de ses habitants.

Un four à pain, c’est une banalité !

Au Moyen Age et jusqu’à la révolution française, les habitants avaient pour obligation d'utiliser les installations seigneuriales pour moudre le grain, presser le raisin et les fruits pour le jus ainsi que les oléagineux pour l’huile, cuire le pain ou encore puiser l'eau.

Four banal - Lagnes

© https://www.lagnes.fr/tourisme-decouverte/un-peu-dhistoire/

Cela donnait lieu à un impôt en argent ou en nature appelé "banalité". Pour le pain, ils devaient utiliser le four seigneurial dit "banal" et payer un droit de "fournage". C'est-à-dire, le droit d’enfourner son pain dans le four du Seigneur en ayant obligation de lui remettre une partie des pains cuits dedans. Cette taxe était également appliqué pour les autres équipements banals. Une certaine quantité de farine pour le moulin , huile et vin pour le pressoir... 

En contrepartie, le seigneur  avait pour devoir d'entretenir ses équipements et y installer un préposé qui était chargé de prélever l'impôt. 

Les taxes appelées banalités étaient si fréquentes qu'elles ont donné le mot "banal" dans notre langage d'aujourd'hui.

Ainsi le seigneur dispose d'aliments gratuits dont la perception se fait tout au long de l'année.

Le four banal de Lagnes date de 1816, il a été construit au rez-de chaussée de l’ancienne maison commune, réhabilité en 2006 avec de la Fondation du Patrimoine et la mission locale, il sert aujourd’hui de salle d’exposition.

Quand on parle d'histoire des villages, lorsqu'on les visite, on pense presque toujours à l'antiquité, au Moyen-Âge, à la Renaissance, aux guerres de ces époques, aux courants artistiques qui transforment les bâtiments... mais il ne faut pas oublier une histoire plus contemporaine qui n'en est pas moins importante. Quoi de mieux que cette semaine de commémoration du 8 mai 1945, pour parler de la résistance à Lagnes.

Le maquis du Chat

Ferme du Chat - Lagnes

La Ferme du Chat en 44 - © Unknown 1944 / Public domain

Une ferme isolée perdue dans la campagne de Lagnes,  servit de refuge après l’appel du 18 juin à  un groupe de résistants, le groupe Franc Kléber, préparait et menait des opérations dans toute la région contre l’ennemi. Avec la complicité d’une partie des habitants.

Pendant quatre dures années, Lagnes, comme partout en France, connut les restrictions, les privations, l'occupation ennemie, les arrestations, les déportations de patriotes, les injustices et les répressions brutales.

Lagnes devint alors un lieu de rassemblement pour ceux qui luttaient contre l'occupation ennemie. Dès les premiers mois de 1943, dans les collines Lagnoises, les premiers Résistants locaux et régionaux se groupèrent. La ferme du Chat devint alors le point de ralliement des Réfractaires au travail obligatoire en Allemagne et des Combattants clandestins; le Maquis du Chat et le Groupe-Franc KLEBER s'y installèrent.

Le groupe-franc Kléber au maquis du Chat en 1944

Le groupe-franc Kléber au maquis du Chat en 1944 © Unknow Archives iconographiques du musée de la Résistance à Fontaine de Vaucluse / Public domain

Alphonse Bégou, Jean Garcin et Jules Ten © Unknown Archives iconographiques du musée de la résistance à Fontaine de Vaucluse / Public domain

De là, Jean GARCIN dit le colonel « Bayard », Jules TEN dit capitaine « Grillon », Alphonse BEGOU dit capitaine « Balkan » et leurs camarades organisèrent et réalisèrent près de 300 opérations armées de sabotage, de destruction de biens ennemis et d'évasion de patriotes emprisonnés.

Son action s'exerça non seulement dans tout le département de Vaucluse mais aussi dans les départements voisins portant des coups importants pour enrayer la machine de guerre nazie.

Lors de la Libération, le soir du 22 août 1944, les résistants du maquis du Chat et du groupe-franc Kléber occupèrent la mairie de Lagnes. Leur première décision fut de constituer un comité local de libération nationale, ouvert à tous les républicains dont le premier président fut Jules Ten, enfant du village. Ce fut ce comité qui, le 25 août 1945, réunit maquisards et républicains pour fêter le premier anniversaire de la Libération.

Jean Garcin dit le colonel « Bayard » sera conseiller général du canton de Isle sur la Sorgue pendant près d’un demi siècle, ses collègues l’élisent Président du Conseil Général de Vaucluse de 1970 à 1992. Il est à l’origine de la création du musée de la résistance à Fontaine de Vaucluse.

Galerie photos

Mines du Pieï_2.jpg
fontaine Lagnes.png
Gravure Lagnes 1597.PNG
Lagnes village Filmatik Production-8.jpg
Four banal Lagnes.png

Informations pratiques sur Lagnes, un village discret

Horaires et périodes d'ouverture

Aucune information disponible

Tarif

Informations complémentaires